Plus grand festival de
musique français en terme de fréquentation (270 000 entrées en 2011, 5 650 bénévoles), réputé pour son affiche éclectique et son public (« le meilleur de France »). Constituée en
association, la structure organisatrice reverse ses bénéfices au tissu associatif et culturel du centre-Bretagne.
LA PETITE HISTOIRE : créé en 1992, le premier événement est une simple fête entre amis baptisée ainsi en guise de pied de nez aux Vieux Gréements de Brest
(éternels bretons de terre Vs bretons de mer). Les premiers concerts sont organisés l’année suivante. En 1995, les Blues Brothers intégrèrent le line-up… Patti Smith et Gojira y enregistrent un
live, tandis que Jamiroquai y réalise la pochette de son album « Rock Dust Light Star ».
FREQUENTATION 22e ÉDITION : Avec 160 000 entrées payantes, l’édition est la première à être déficitaire.
LE MAÎTRE : l’incroyable et impassible Neil Young, tout en saturation
anti-conformiste et expérimentale, cassant ses cordes, sautillant sur place face à son second guitariste, s’offrant même un temps mort acoustique avec harmonica au bec (« Heart Of
Gold » ou encore un narquois « Blowin’ In The Wind » que Dylan n’avait su reprendre correctement lors de son passage en 2012). Magique.
CONFIRMATIONS : The
Hives et leur set énergique, toujours impeccables dans leur rock bis ; le blues-rock référencé d’Hanni El Khatib entre Black Keys et Stooges ; le jeu d’équilibriste de la chanteuse
coréenne Youn Sun Nah entre sensualité lyrique et sauvagerie électrique ; le « trop » rodé Asaf Avidan, qui a pourtant perdu de sa spontanéité ; le soul-man Charles Bradley
digne du dieu James Brown ; le rap jazzy et alternatif de The Roots.
CONFIRMATIONS FRANCOPHONES : un Busy P assez malin, remixant une partie des productions de son label Ed Banger (Justice, Mr Oizo…) ; la
toujours élégante malienne Rokia Traoré, pont rêvé entre les cultures occidentales et africaines (humilité, blues,
danse tribale…) ; le puissant pop-rock de BRNS ; Féfé, pas forcément dans nos goûts, mais très communicatif ; et l’envoutante Mesparrow (même si sa prestation est plus intéressante
en huit-clos).
ANNULATION : Elton John fut remplacé par Patrick Bruel. Beaucoup raillé par les réseaux sociaux lors de cette annonce, l’artiste a finalement
fait preuve de générosité sur scène, comme en interview. Nostalgie dans l’assistance féminine…
DECEPTIONS : la machinerie granguignolesque de Rammstein, pyrotechniquement impressionnant, mais musicalement
trop linéaire par l’absence de breaks et d’envolées ; l’horaire de passage de Raphaël (juste avant Rammstein) ; le guitar-hero-kitch
Carlos Santana, cadenassé dans une ambiance latino sucrée et clinquante ; les supers-mais-définitivement-mous Alt-J ; et la redondance de Lescop qui peine à faire émerger un autre tube que
son single.
MOMENT EMOUVANT : l’hommage à Jean Philippe Quignon, programmateur et président des bénévoles disparu cette
année, pendant le concert de -M- (il était venu chanté lors de ses obsèques). Reprise de « La Bonne Etoile » devant une foule aux portables allumés. Instant de grâce dans un concert de
plus en plus stéréotypé, s’essoufflant dès lors que l’on en devine les ressorts.
L’ANECDOTE : la trentaine de gamines, recrutée dans la foule, attendant en fosse la fin du concert de Rammstein pour assister à l’after du
groupe… Folklore hilare ou mauvais goût ?
PROCHAIN RENDEZ-VOUS : du 17 au 20 juillet 2014
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(photo d'ouverture : Eric Pollet)