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Lanagame : plus grand jeu en réseau de Province

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2002. Alors que le monde des Lan party – rassemblement physique de joueurs dans le cadre de compétitions de jeux vidéo – est encore balbutiant en France, une association nantaise réussit le pari d’organiser le plus grand jeu en réseau de Province. Retour sur un événement précurseur, dont l’écho amplifié fut rendu l’année suivante, qui a participé au changement de regard des médias sur cette pratique, alors en marge.

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Fo
ndée en 2000, l’association Lanagame (ou Lan@game) n’aura eu que trois années d’existence. Une fulgurance à hauteur de son impact. A l’origine, il ne s’agit pourtant que du projet étudiant de cinq informaticiens de l’Idrac de Nantes. Mais très vite, devant la portée en devenir de l’événement, le projet dépasse le simple cadre scolaire. Une association d’une dizaine de permanents, présidée par Olivier Virfeu (et Marc Lanoë), est créée. Le tout est soutenu financièrement par une autre entité – Prométhée Concept – dont la mission première est l’enseignement et la sensibilisation à l’informatique en direction de publics précaires. Deux recrues sont embauchées pour prendre en charge la communication : Samuel Degasne (alors animateur radio sur Prun’ et rédacteur en chef du mensuel gratuit Le Mois Nantais) et Anne-Laure Brenon (chargée de communication au festival Les Vieilles Charrues).

Descriptif
Deux événements furent organisés sur trois jours, dans la salle de concert La Trocardière à Rezé (ville mitoyenne de Nantes). En avril 2022, la première édition fait 550 entrées payantes. En février 2003, ce seront 820 joueurs, dont les équipes championnes françaises de sport électronique (les aAa et les GG), qui viendront d’une partie de l’Europe : Belgique, Russie, Espagne... Ainsi, pendant un long week-end, les communautés virtuelles prirent vie physiquement, s’adonnant aux différents tournois officiels organisés sur Quake III Arena, Counter Strike et Warcraft (Unreal Tournament 2003 fut ajouté lors de la 2e édition). Avec une entrée fixée à 30 €, plus de 28 000 € de lots y ont été distribués.

Médias
Largement relayée au national en raison de son aspect multidisciplinaire, Lanagame a –au même titre que sa grande sœur parisienne LigArena (aujourd'hui Games-Solution) – marqué un tournant dans la communication d'événement de ce genre, provoquant l’intérêt soudain des médias. En effet, et ce dès sa création, l’association a toujours souhaité sensibiliser le grand public à la culture du jeu en ligne, orientant sa communication au-delà des publics geek initiés. Le but ? Casser les stéréotypes inhérents à la pratique et créer une synergie dans le milieu associatif en faisant intervenir d’autres structures locales sous-médiatisées. Résultat : des reportages sur M6, France3, TVBreizh, Ouest France, Presse Océan, La Croix, Pulsomatic, Europe2, Le Mouv’, Jet FM, Micro Hebdo, PC Jeux…
 

Jeu-reseau-Trocardiere.jpgActivités annexes
En parallèle des compétitions de la deuxième édition, l’association a ainsi organisé des débats sur le monde des jeux vidéos et sur les systèmes d’exploitation avec Linux Nantes, des dédicaces avec des graphistes (notamment Dob[R]Man du collectif local Level Art), des rencontres avec des hackers renommés, une exposition de tuning PC, la mise à disposition d’une bibliothèque de mp3 libres de droit et/ou issus de la scène émergente régionale grâce à radio Prun’, des visites commentées de la salle, une radio interne basée sur les flux d’envois de données par APO33 (une association artistique et technologique, aujourd’hui membre de La Fabrique de Nantes), un marathon radio en direct et en continu réalisé par la webradio Frequence3, un making-off filmé par l’école audiovisuelle CinéCréatis (sous la direction de Gaëtan Aubin), ainsi qu’une scénographie mise en place par l’association L’Envers du Décor (issue de l’Ecole d’Architecture de la ville) basée sur des éléments de récupération.

Anecdotes
- L’association a été contrainte d’avoir recours à des camions de groupes électrogènes (ceux de Johnny Hallyday en l’occurrence) afin que l’intensité électrique soit constante. En effet, la demande énergétique était inédite pour cette salle de concert, représentant l’équivalent de deux quartiers de Nantes ;
- La responsable internationale du fabricant de micro-processeurs Abit s’est déplacée de Corée pour prendre des notes sur les branchements et les modifications réalisés par les pro-gamers sur leurs ordinateurs, afin d’effectuer un retour auprès de ses ingénieurs ;
- En guise de blague, et en raison de l'assiduité de certains joueurs à leurs jeux, les organisateurs ont offert – par le biais de partenariats – de nombreuses balles anti-stress, des gels douche Axe et des "barres Abit" (contenant des Mars et Snickers).

Dissolution
Initialement, Lanagame n’avait pour but de ne réaliser que trois événements. La dernière édition devait se dérouler au Parc des Expositions de la Beaujoire à Nantes pendant une semaine complète, avec des concerts de musique et un salon professionnel. Mais refusant de se professionnaliser et devant le manque d’aides financières des pouvoirs publics, puis suite au décès du président de l’association Prométhée Concept (Stéphane Anglerot), l’association fut dissoute à la fin de l’année 2003. L’ébauche d’une Fédération Atlantique des Jeux Vidéo, entamée notamment aux côtés de l’association NrealiZ (Charente-Maritime), fut également abandonnée.

La même année, le premier événement de l’Eswc (Electronic Sports World Cup, géré par LigArena) réunissait 1 500 joueurs à Paris en intégrant une mise en scène peu commune : matchs commentés sur scène, tournoi 100% féminin.... La machine est en marche. Début novembre 2012, si sa forme a évolué, l’événement a toujours lieu dans le cadre du Paris Games Week, réunissant désormais près de… 212 000 visiteurs.


(réactualisation d'un papier paru en 2006)
> Lan Party


 


CNW « Midnigth Talking » (e.p.)

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Les morceaux.

CNW_Midnigth-Talking.jpg"Romance" : d’emblée, le clivage avec l’ancien album s’opère. Une girl qui miaule en frenchy, un clavier… On cherche le danger, à déconstruire les réflexes et ouvrir les perspectives. Presque un rite initiatique qui emprunte son Fa# à Beethoven.

"Landscape" : avec 75 % de la chanson écrit par le bassiste, il a fallu que chacun puisse y prendre ses aises. Certainement la chanson la plus pop du répertoire. En embuscade : des guitares qui se taquinent sous l’écho des voix. Le pitch : une course sur les toits, comme une promesse à l’avenir.

"Face to face" : ou comment renouer avec les origines du groupe, ses solos stoniens et autres cassures de rythme en guise de saute-mouton. L’histoire d’une groupie qui veut visiter les arrière-cuisines en échange de gorges profondes. Du fantasme reste un titre éclairé aux harmonies entêtantes.

"Midnigth Talking" : issue d’une jam dont il ne reste qu’un riff de basse sauvé sur le refrain. Du disco-rock sautillant, simple sans être simpliste, sur fond d’histoire de bar à putes. Avec sans cesse l’impression de trébucher, notamment ce refrain qu’on croirait passé à la vitesse du 33T.



(autoproduction)
> Biographie 


 

 

Biographie Clock n' Works

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Clock-n-works2.jpg

Que demandez d’autre qu’un rock qui se rêve rosbif et dont les concerts possèdent des accents de pop rageuse ? Celui-là même qui vous ficelle un set énergique fissa, et dont la cadence – hachée menu – vous fait valser la timbale. Vous transforme en culbuto sur la piste de danse... Faut voir comment ces mecs s’éclatent sur scène, aussi. Communicatifs ! Pas vaux rien pour un sous, toujours mauvais élèves. Un brin canailles, surtout.

Et si les coups de boule d’hier (l’E.P. "However you wanna call it", avril 2011) et leur rhythm and blues de cancres ont été aujourd’hui tronqués contre des coups de langue plus pop, l’ensemble conserve un squelette identique : refrains collants, riffs crâneurs, basse-batterie cul par-dessus tête et deux voix – rythmique Vs mélodique – qui croisent le fer. Puis, cette classe. Surtout.

4 nouveaux titres, donc. 4 portes entrouvertes dans un studio maison, au soleil. La batterie dans le salon, les amplis dans les chambres, les pieds dans la piscine et l’enregistrement en live. Et cette constance : 3 min.30, préliminaires à d’autres faits d’armes que ceux réalisés au Printemps de Bourges, lors de l’ouverture et la finale de l’Euro 2012, au Nouveau Casino, Bus Palladium, Batofar…

Mais il y a également du nouveau : l’autoproduction. Ce sentiment grisant de reprendre en main son destin, avec sortie digitale et vente de galettes sous le manteau. Retour à l’action ! À l’image de ce logo aux lettres massives et zébrées, réduites à leur essentiel. CNW. Pas moins. Comme pressé d’en découdre. D’imprimer sa marque.

Alors, quoi ? Le quatuor parisien conserve sa panoplie rock idéale : mèches, bagues & bottines ? De la quincaillerie, ça ! Ici on joue moins les remakes qu’un fétichisme ou autre folklore identitaire. De quoi se reconnaître entre initiés. Du qui annonce aussi la couleur : plutôt punks à chat que singes hurleurs.


> Chronique de l'E.P. "Midnight Talking"

      

Loïc Lantoine « J’ai changé » (Silen)

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Ouf ! L’ami d’Allain Leprest et fondateur de Mon Côté punk a failli nous faire peur… Son titre mensonger était davantage à un tic de langage à la Sarkozy, qu’un vrai dynamitage des fondations qui font son charme si particulier.

LoicLantoine.jpgPour preuve : la gouaille rocailleuse du gars du Nord vient toujours se poser sur ses habituelles paroles personnelles, pudiques sans maquiller une réalité. La sienne. Celle des bars, des petits gens, de ces décors ternes qui font la vie, voire de ces moments de rien qui font un tout.

Bref, un éternel poète du réel, difficilement saisissable, souvent juste. Impossible, surtout, à enfermer dans une cage dorée. Ce dernier album n’échappe pas à la règle de ses constructions de phrases aux angles cabossés, de ses haïkus fragiles sur fond de musique improvisée. En somme, ces accidents qui font la beauté de l’instant.

Car Lantoine se cherche davantage dans les nervures d’un bois qui a vécu que dans la surface plane d’un plastique universel... 

Qui oserait le contredire ?



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> Compte-rendu concert Mon Côté punk


 

Poni Hoax « State of War »

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Qu’on se le dise :
même si les Franz Ferdinand – dont ils ont assuré une première partie – les ont trouvé « trop trash », l’ancien Poni Hoax est mort.

State-Of-War.jpg
Ici sont convoqués Morrison, Roxy Music, Bowie, Beckett et autres ritournelles émotives aux zigzags dancefloors.

Un chaud-froid viril, explosé sur scène par une lumière fuyante et un bruit de rotor. Tendu.

La voix, impérieuse et mélancolique, s’y pose sur l’anachronique et sucré saxophone.

Moins épique, plus sensible. Tape-à-l’œil. Grand !

Avec ce qu’il faut d’excessif.


© Agnes Dherbeys
> Pan European Recording



Documentaire « Drunk in the House of Lords »

(2009) de
Matthieu Cullleron et Pierre Chautard, 57 min.


Interviews
> 2e album
> 3e album

 

Interview Poni Hoax : de bonne guerre

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Ni Pony Pony Run Run, ni New Young Pony Club. Un groupe sur sa forme, un duo – Laurent Bardainne et Nicolas Ker – sur son fond. Mais surtout : un troisième album personnel (« State of War »), prêt depuis trois ans et qui abandonne l’électro-disco-rock des débuts pour une pop belliqueuse.


Poni-Hoax.jpg
Rencontrer les Poni ? Toujours l’assurance d’enfiler quelques verres (voire de rencontrer quelques fans, un brin collants). Quoi de plus normal pour des types dont le contexte semble parfois plus important que la musique elle-même ? L’Histoire leur donne raison : créé le 11 septembre 2001 – « Preuve que nous sommes tous, même indirectement, des enfants de la guerre », dira l’un deux – , le groupe sort un premier album éponyme en 2006, produit par Joakim sur son label Tigersushi et classé dans le Top 100 de Pitchfork (journal américain réputé, spécialistes des groupes indés). 2008 : leur seconde salve « Images Of Sigrid » (et son entêtant tube « Antibodies ») leur vaut une présence au sein du jeu vidéo Rockband. Depuis, les cinq Parisiens ont enchaîné plus de 200 concerts, dont Montréal, Londres, Oslo, Moscou... avec une mention spéciale décernée à New York.

Il y a 5 ans, on avait quitté Laurent Bardainne (clavier et saxophone) et Nicolas Ker (chant) dissertant déjà sur le troisième volet. Hors, de l’idée des « pulsions sexuelles que provoquent la guerre », n’est restée qu’une histoire personnelle, passée au tamis des années. Celle de l’enfance de Nicolas, d’origine cambodgienne : de l’assassinat d’une partie de sa famille à son départ forcé de Phnom Penh en 75. Pour Laurent, l’album évoque surtout « l’exil et l’espoir du retour, la guerre et ses post-traumatismes ». Pour autant, rien d‘un trompe-la-mort irrévérencieux. Juste une dose de « cynisme lumineux, sans être lugubre ». À l’image de la mère du chanteur qui « pendant les bombardements américains, recevait Coca-Cola et Corned-beef en guise de tape condescendante sur la tête ».

Sauf que, à la volonté de catharsis de Nicolas – exorciser ses démons, interroger son enfance, faire le pont entre ses deux cultures – , s’est mêlé le « hasard » : Agnès Dherbeys, l’amie de Laurent et photographe (Prix Robert-Capa 2011), à qui l'on doit la pochette du dernier album, a dormi sans le savoir, dans la maison d’enfance du chanteur, « squattée, depuis, par d'anciens combattants du Vietnam ». Un signe. Une évidence pour le duo créatif qui ne croit plus, sous l’accumulation, au fruit des hasards ! Pas étonnant, avec ce lourd héritage, que le chanteur ne tient jamais en place, marchant inlassablement comme un fauve en cage. Avec le trop-plein d’idées qui électrisent l’élocution.

Laurent-Bardainne.jpgCôté musique ? Laurent affirme « s’être décomplexé grâce à Sébastien Tellier ». Un côté Michel Berger qu’il ne renie pas et qui explique « la plus grande part accordée au piano ». Lui, venant du free jazz (avec un premier groupe rock progressif à la Magma), écrit le plus souvent la ligne de base. La présente ensuite à Nicolas, prosodie incluse, pour qu’il détermine un thème orientant les arrangements : «  Le texte est à chaque fois la synthèse d’une discussion. Puis, dès que l’on a le refrain, on part s’acheter des bières... ».

Reste que l’album a mis trois ans à être accouché, faute de structure. « Arthur Peschaud, de Pan European, nous a sauvé du marasme », reprend Laurent. « Pas la tête à monter notre structure. Juste l’envie urgente de présenter enfin ce travail. » Car, l’album physique, ils y croient encore : « Comme pour le dernier Metronomy, il s’agit de créer une histoire, une cohérence dont on explore toutes les pistes. Un exercice qui ne peut s’effectuer que sur la longueur. »

Un contexte, en somme, un thème (avec la magie blanche / noire) au cœur du futur quatrième opus... déjà en réflexion !


> Chronique album
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Gilles Lejamble (Libertalia music records)

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Il y a tant à dire sur la scène musicale malgache, les raisons qui expliquent sa difficulté à s’exporter malgré sa qualité ou celle, en creux, d’un peuple qui sombre dans l’oubli. Il y en a pourtant un qui ne s’accommode pas de la fatalité. Lui qui a fait le choix, après des études supérieures en France, de revenir au pays avec l’utopie comme leitmotiv.

Gilles-Lejamble-Libertalia-copie-1

Malgré le contexte difficile de Madagascar (taux d’alphabétisation en berne, espérance de vie autour de 64 ans, absence d’élections démocratiques, tourisme sexuel…), Gilles Lejamble a décidé de se battre. D’inverser la vapeur. Pour preuve : avec « Madagascar, voyage au cœur de la musique » (réalisé en mars 2013), le directeur de Libertalia music records a mis sous les projecteurs neuf groupes et artistes, devant un parterre de professionnels français et d’expatriés, afin que leur rayonnement dépasse les simples contours nationaux.

Excluant volontairement les habituels institutionnels hexagonaux et autres subventions publiques (« pour conserver une liberté de travail »), Gilles a financé l’opération sur ses fonds propres et avec l’aide de partenaires privés. Une continuité, autant qu’un vieux rêve, pour cet ancien prisonnier politique et producteur de cinéma (« Tabataba » de Raymond Rajaonarivelo, en 88 / « seul film malgache programmé à Cannes et dont j’ai mis 20 ans à en effectuer le remboursement »). Philanthropie, nous voilà.

Car Gilles est, en parallèle, directeur d’une société de distribution de médicaments génériques (Medico, 52 employés), après avoir été pharmacien pendant 17 ans. « J’ai eu une prise de conscience quand, tous les jours, des Malgaches venaient avec leur ordonnance, mais repartaient chaque fois sous pouvoir acheter le moindre médicament », souligne-t-il, désolé. À lui désormais de lutter contre les lobbyings pharmaceutiques qui tentent parfois de décrédibiliser son action.

Pour lui, et au-delà d'une passion personnelle, la musique n’est donc qu’un moyen de plus pour parvenir à changer le monde : « 
L’idée est de passer le relais, non de donner des financements dans le style mendicité. » Convaincu que les tourments du pays peuvent être dû à des pertes de repaires culturels (« certains connaissent les codes du hip-hop américain sous rien savoir de leur propre culture », s'indigne-t-il), Gilles souhaite ainsi que « les jeunes retrouvent leur confiance en eux, à l’image des Chinois. » Qui mieux alors que la reconnaissance des artistes comme lien intrasocial et vecteur universel ?

L’éternel sourire en bandoulière, ce fan de Frank Zappa – pour son côté touche-à-tout ? – et de la musique de « possession » se définit davantage comme un passionné, plutôt qu’un mécène. Pour le moment, ce qui l’importe, c’est de pérenniser l’action. Aujourd’hui, « Madagascar, voyage au cœur de la musique » est un mini-festival. Demain : un label ? Trop tôt pour répondre, mais l’initiative fait parler d’elle. « On ne compte pas gagner d’argent à court terme. Ce qui nous importe, c’est le développement artiste », répète-t-il aux curieux. Et d’enchaîner : « Il s’agit juste d’un investissement à long terme avec une rotation plus lente. Il faut ouvrir de nouveaux lieux de diffusion et instaurer une professionnalisation des secteurs, car le vivier musical est immense et la créativité des Malgaches sans limite ! »

La tête déjà dans la préparation d’un second rendez-vous en 2014 (avec, à l'étude, la mise en palce d'un comité de sélection, des formations et un décloisonnement festival/structure), Libertalia music records a d'ores et déjà produit un live de Mika & Davis ou encore le dernier album du grand multi-instrumentiste Silo Andrianandraina, l’un des musiciens majeurs de l’île ayant enregistré avec la majorité des formations locales et tourné avec des artistes du monde entier (comme Stephan Eicher). L'humilité est de mise. Ou comment le combat d’un seul homme contre des moulins idéologiques arrive pour le moment à déjouer les vents contraires.

Bonne route !



> Libertalia music records
> Dossier Madagascar



Madagascar : l’île aux trésors

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Membre de l’Organisation internationale de la francophonie, Madagascar peine pourtant à exporter sa nouvelle génération d’artistes, qu’ils adoptent une expression traditionnelle ou contemporaine. Une injustice, au vu du vivier souvent méconnu des programmateurs. Focus sur sa capitale : Antananarivo.


Madagascar.JPG

La carte d’identité. Proche de la pointe sud de l’Afrique et située dans l’océan indien, la « Grande Île » (5e mondiale, de part sa taille, avec 592 040 km2) s’est construite suite aux immigrations africaines, indiennes et européennes. Cet immense producteur de vanille, parfois visité par les cyclones, a pour voisin l’archipel des Comores, La Réunion, l’île Maurice et les Seychelles. Son originalité réside dans sa diversité culturelle, l‘addition de ses reliefs et climats. Sa capitale, qui contient deux millions d’habitants (et signifie « la ville des mille », en référence à l’ancienne garnison royale), est comme un fauve : paradant à la chaleur d’un soleil blafard qui vous mord la peau. D’un calme relativement trompeur. Comme prête à bondir.

Le contexte. Moyens de transports nationaux défectueux, taux d’alphabétisation en berne (notamment chez les jeunes femmes), espérance de vie autour de 64 ans, difficultés démocratiques, besoin grandissant d’importations, tourisme sexuel… Les crises que traversent le pays ont accéléré le désintérêt de la scène politique et artistique internationales pour la jeune génération, quand leurs aînés jouissaient d’une reconnaissance particulière. L’isolement économique et géographique semble plus à blâmer que le talent lui-même, et ce, malgré la mondialisation musicale et l’attrait pour les cultures africaines. Pire, le sort de l’île est suspendu à l’argent public français (et en particulier l’Ifm), allemand ou suisse. Associée à la modestie locale (jamais de plainte, pas de question, inexistence du « non »), au manque de projection (incapacité à expliquer/conceptualiser sa musique, coût du transport aérien) ou aux contraintes techniques (parfois jusqu’à 20 personnes sur scène, manque de relais médiatique, connexion Internet inexistante ou onéreuse, nombreux genres musicaux), l’exportation semble périlleuse.

La politique. Colonie française depuis 1895, le premier gouvernement malgache voit le jour le 10 octobre 1958 et retrouve son indépendant en 1960 après une longue lutte entamée depuis 1947. Suite au coup d’état d’Andry Nirina Rajoelina (aka Tgv) en 2009, un régime de transition a été mis en place… sans qu’aucune élection démocratique n’est eu lieu depuis (servant ainsi des intérêts industriels libérés de toutes contraintes constitutionnelles). Reçu par Nicolas Sarkozy le 6 décembre 2011 (après avoir pourtant exprimé sa désapprobation en 2009), Rajoelina a essuyé deux tentatives de coup d’État et une demande d’intervention militaire, pour le renverser, de la part de la Communauté de développement d’Afrique australe. Les État-Unis, eux, dénoncent un climat régulier « d’intimidation », notamment à l’encontre des opposants du régime. À noter, tout de même, que ce président (39 ans) « de la Haute Autorité de la transition » commença sa carrière comme dj et organisateur des soirées dansantes « Live »…

Eusebe-Jaojoby.jpgLe maître. S’ils sont quelques-uns dont l’aura dépasse les frontières nationales (le bluesman Tao Ravao, l’accordéoniste Régis Gizavo, voire même le Malagasy All-stars, sorte de Buena Vista Social Club local avec notamment le guitariste Erick Manana ou le chanteur Justin Vali), la plupart des ambassadeurs de la musique malgache réside à l’étranger. C’était sans compter sur Eusèbe Jaojoby, le « roi du salegy » (un style caractérisé par une signature rythmique 12/8, dont le pulse est variable suivant les régions). À 58 ans, le chanteur-chorégraphe-compositeur n’a pourtant enregistré son premier album solo qu’en 1992. D’une grande humilité, Jaojoby sait mêler les sonorités contemporaines au chant traditionnel comme personne, donnant encore aujourd’hui – entouré de membres de sa famille – des concerts fiévreux tout en cassures de rythme et en montées cardiaques. Un must libidineux emprunt de culture populaire.

Tsiliva.jpgLa révélation. Tsiliva est le petit prince du kilalaky, musique traditionnelle de la région de Morondava (ouest) inspirée de la culture des dahalo (pilleurs de bétail). Une musique, mais également une danse intergénérationnelle (sorte de twist à la queuleuleu) pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs. Populaire (il a tourné en France, à La Réunion, à Mayotte et en a inspiré d’autres…), ce trentenaire cherche malgré tout d’autres pistes à explorer depuis le début d’année. Conscient que sa musique, excessivement rythmique, est difficile à exporter. Ainsi, Tsiliva salue en anglais et en français, incorpore des sonorités occidentales afin d’ambitionner sur l’avenir. Les vêtements flashis sont choisis avec soin et la chorégraphie, bien qu’étudiée, est d’une incroyable énergie. Ou comment l’artiste a compris depuis longtemps l’utilité de (littéralement) mouiller sa chemise.

Jaos-pubLa salle. Autrefois foisonnante, la vie nocturne d’Antananarivo s’est amoindrie au fur et à mesure que les problèmes politiques et économiques de la Grand Île se sont accumulés. Preuve en est : les barrages militaires en périphérie de la ville, le peu d’habitants dans les rues et une insécurité latente que ressente même les Malgaches (pour de petits trajets, la nuit tombée, ceux qui le peuvent financièrement se déplacent en taxi). Hormis donc le magnifique Café de la Gare (une brasserie coloniale, typique des années 20, avec cheminée, fauteuils en cuir et salle de spectacle) ou le cabaret de l’Hôtel Glacier (salle de concert où racolage appuyé se mêle aux concerts tout aussi sexués), le Jao’s pub du quartier d’Ambohipo vaut le détour. Aux mains de l’adorable fille de Jaojoby (lire ci-dessus), ce bar laisse au groupe l’intégralité de la recette de la billetterie (dont l’entrée dépasse rarement 2 €). Les concerts du jeudi, vendredi et samedi soir peuvent y finir à 6h du matin (soit près de 10h de concert), répondant à la demande des habitants : danser ! À ne pas rater : la prestation envoutée et sensuelle de l’artiste Sisca.

Christophe-David.JPGLe tourneur. L’œil éternellement malicieux et la mèche grisonnante, Christophe David a découvert Madagascar à 30 ans. En touriste. Une vingtaine d’années a passé et le voici marié avec une femme du Sud... Intermittent, Christophe est producteur et tourneur à La Réunion. On lui doit notamment les fameuses « Fety gasy » de Saint-Denis ou encore la Fête de la musique. Pour lui, « Il peut difficilement y avoir d’économie de la musique dans la Grande Île », en raison des nombreux disques piratés, du prix des instruments et autres concerts à 2 €. Reconnaissant que le domaine joue « un rôle fondamental dans le quotidien malgache », la complexité des genres (près de dix-huit ethnies et dix grands styles musicaux, hors styles occidentaux) rend, selon lui, l’approche ardue. Pire : « Madagascar ne fait pas partie de la route des programmateurs, car trop proche de l’Asie », résume-t-il, « et l’argent manque pour faire venir ici de gros artistes... » Pourtant, le tourneur – grand habitué de la scène locale – croit profondément en l’avenir : « la qualité de la musique malgache est d’un grand niveau ! Il faut impérativement déplacer le centre de gravité de la musique africaine... Ici, c’est sûr, deviendra dans quelques années le prochain place to be. »

Prix-Musiques-Ocean-Indien.jpgLe tremplin. Le Prix musiques océan indien, 4e du nom, est un dispositif qui mêle sélection, développement artiste (coaching scène, participation financière, promotion) et une tournée dans des festivals partenaires : Babel Med Music à Marseille, festival Les Suds à Arles, Les Francofolies de La Rochelle... Imaginé en 2004, le tremplin a été fondé avec l’aide (notamment) de la Sacem, du Fcm et de l’Adami... But : promouvoir, développer et diffuser les artistes de l’océan indien, auquel appartient Madagascar. La finale, déterminant l’artiste bénéficiant de la tournée parmi trois lauréats (déterminés en juin), se déroulera au Palaxa de Saint-Denis (La Réunion) le 8 novembre 2013. Inscriptions possibles jusqu’au 15 mai.

Teta.jpgLe concert. En marge du concert du grand multi-instrumentiste Tao Ravao (malgache ayant tourné en Europe et aux Etats-Unis avec les plus grands bluesmen), deux figures montantes se produiront gratuitement au festival Musiques métisses 2013, à Angoulême : Thominot & Teta. Bien qu’originaire de Fort-de-France, Thominot Hazolahy maîtrise le rythme ternaire du Sud comme personne, à l’aide de son immense kabosy (guitare malgache) faite maison. Musicalement très énergique, humainement humble, il possède une solide expérience de la scène (France, La Réunion, Seychelles, Corée…). Quant à Teta (en photo ci-contre), guitar hero acoustique qui fait dans la sobriété et l’instinctif, il n’est accompagné que d’un unique choriste (Kirasoa). Lumineux en concert, introverti maladif dans la vie, ses deux albums, tirés à quelques centaines d’exemplaires, sont injustement passés inaperçus. Pourtant, son tsapiky (musique traditionnelle du Sud, parfois utilisée pour la transe), a de quoi convaincre les scènes internationales. Sorti de Madagascar pour la toute première fois il y a deux ans, il découvrira la France ce 18 mai.




À suivre : Baba (blues-funk), Mafonjah (roots-reggae), Mika & Davis (musiques urbaines), Joël Rabesolo (électro-jazz) ou encore Arison Vonjy (variétés). Car, au-delà de son vecteur universel et de sa recherche de cohésion entre ses différentes ethnies, c'est au fond un peu de fierté et d'espoir en l'avenir que recherche les Malgaches à travers la reconnaissance de leur musique. Reste désormais aux programmateurs et journalistes de sortir des sentiers battus...

 
 

> Interview Libertalia music records
 

 


Hellfest Summer Open Air 2013

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HellFest2013.jpgQUAND :
21, 22 et 23 juin

OU : Clisson (à 30 min. de Nantes), ville verte de 7 000 habitants avec château et architecture toscane, clé de voute de la défense des Marches de Bretagne. Le festival a lieu sur le complexe sportif du Val-de-Moine

STYLE : métal, heavy metal, punk hardcore, hard rock

DATE DE CRÉATION : 2006 (une partie des organisateurs sont issue du Furyfest)

SIMILAIRE AU : Wacked open Air en Allemagne (77 000 spectateurs)

SONT PASSÉS : Alice Cooper, Motörhead, Ozzy Osbourne, Scorpions, Guns N’ Roses, Slayer, Megadeth, Lynyrd Skynyrd…

FESTIVALIERS : 80 000 personnes sur 3 jours, dont 65 nationalités différentes

POLÉMIQUES : accusations de satanisme, christianophobie et nazisme, lobbying de groupes religieux (évêque de Nantes) et politiques (Philippe de Villiers, Christine Boutin…), puis d’un collectif de riverains pour faire supprimer le festival, pression sur les sponsors (Coca-Cola, Kronenbourg) et la presse…

LA CONTRE-TEUF : la Fête du Paradis, le 5 mai sous les Halles de Clisson, pour « purifier la ville ». Événement humoristique organisé par l’association Val-de-Clisson expo

TÊTES D’AFFICHE 2013 : Def Leppard, Kiss, ZZ Top, Europe, NoFx, KorN, Gojira


> Site web


Piratage des Daft Punk : l'avis d'Arnold (Ouï Fm)

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De son vrai nom Mladen Derek, cet animateur de radio et journaliste fut – de 1994 à 2002 – témoin de l’explosion des émissions de libre-antenne sur Fun Radio (Lovin’Fun, Le Star System). Ancien collaborateur de Laurent Weil et auteur de la série « Samantha Oups ! », il anime notamment les matinales de Ouï Fm. Entrevue sur le piratage, suite à la sortie prématurée, et en téléchargement illégal, de l’album des Daft Punk.


Daft-Punk« Nous, à Ouï Fm, nous avons attendu que la maison de disque envoie la version officielle du dernier Daft Punk pour la diffuser. Notre politique n’est pas de courir après l’exclusivité, si elle est hors-la-loi. Ni même, soyons honnêtes, d’aller à l’encontre d’un fournisseur (en l’occurrence : une maison de disque). Et même si je plaisante à l’antenne sur le téléchargement, m’exprimer à titre personnel pourrait faire trinquer la radio – en sa qualité de diffuseur.
Je reste malgré tout persuadé que quand un album est bon, les ventes suivent. Pour preuve : j’ai acheté le dernier Phoenix sur iTunes (ndla : l’album « Bankrupt ! » a été piraté un mois avant sa sortie officielle) et avais précommandé le Daft Punk. Mais je comprends qu’on soit tenté par le téléchargement illégal quand on gagne le smic...

J’ai surtout l’impression que s’il y a arrogance de la part de l’internaute, c’est davantage envers la maison de disque qu’à l’encontre des artistes. Beaucoup de multinationales vivaient jusque-là sur leurs acquis et il est vrai qu’il est difficile pour être un artiste de suivre la même temporalité que celle des réseaux sociaux. C’est une telle accélération du temps médiatique ! Ok. Mais, je le répète, on sent malgré tout qu’il n’y a pas la volonté de nuire aux musiciens, mais bien d’effectuer un David contre Goliath 2.0. Et puis toujours, pour certains pirates, cette volonté d’exister. De faire parler de soi… Transgresser.
Quand c’est juste par esprit de découverte, ça roule… C’est comme écouter en magasin avant d’acheter (ce que je fais, par exemple). Si c’est compulsif, dans la simple idée de compiler pour le sport, avouons que c’est dommage : on ne profite pas de la gratuité !
Moi, j’aime aussi l’objet. Il faut avouer que, écoutant beaucoup d’indie, j’ai un peu l’impression de participer à l’édifice en investissant. Et puis, je souhaite une bonne compression du son ! Marre des pirates aux bruits métalliques.

Arnold-animateur.jpegDes solutions ? Je n’ai pas entièrement lu le rapport de Lescure, mais je sais le type intelligent. Je me demande juste si ce n’était pas un piège pour lui… (rires) Alors ok, taxons les fabricants de smartphones, tant que ce ne sont pas les utilisateurs. Pourquoi pas. Mais ne prenons pas le problème à l’envers : il faut baisser les prix ! Vous avez vu comme les consommateurs sont devenus dingues avec la baisse des prix du Virgin Megastore (même la situation est, certes, tragique) ? Il faut attirer de nouveau le public vers les produits culturels. C’était la même chose avec le dézonage des dvd ou, aujourd’hui, avec la traduction tardive en France des séries étrangères : on nous force presque à pirater !
Je ne crois pas à la sanction, mais au compromis. À la pédagogie. On invente quoi, là ? On sort juste le bâton ? Ne pas oublier que la discussion est elle-même un partage… Surtout. Apple et Microsoft essaient bien d’acheter le savoir des hackers en les embauchant à leur sortie de prison. Faisons pareil ! Invitons des pirates et des consommateurs à s’exprimer, et non que des labels. Mettons tout le monde autour de la table, étudions ce qui motive ce public et inventons une réponse adéquate.

J’ai connu l’explosion des radios libres. J’y étais. J’y ai surtout retenu une chose : la meilleure façon de déstabiliser un rouage, c’est le fameux ver dans le fruit. Attention, pour peu que l’on possède une solution plus viable, hein ! Parce que l’action, c’est bien, mais toujours mieux quand elle est suivie d’une réflexion. Hors, pour l’instant, il ne me semble pas avoir entendu d’alternative satisfaisante… Renforçons donc le dialogue avec les réels intéressés. »


> Compte-rendu Daft Punk à Bercy (2007) 

 
 

Leak et rapport Lescure : l’avis de Virginie Berger (Dbth)

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Railleuse à la voix douce et à l’agenda très rempli, Virginie Berger – ancienne directrice marketing de MySpace – a monté sa propre agence en stratégie (Don’t Believe the Hype). Spécialisée dans le développement d’artistes et les technologies émergentes, elle travaille notamment avec Misteur Valaire, le Midem, Musique Info et Radio Neo. Elle a écrit « Musique et stratégies numériques » (Irma).

Lescure.jpgLe leak/ « Il faut impérativement que ce soit l’artiste qui décide de mettre en ligne ses morceaux, de façon gratuite ou non. Même la Quadrature du net – l’association de défense des droits et libertés des internautes – renie cette méthode. C’est de l’irrespect total ! James Murphy (LCD Soundsystem), à qui c’est arrivé, expliquait que le leak en lui-même ne le gênait pas. Seul le choix d’une temporalité qui échappe à son contrôle semblait plus problématique à ses yeux.
Après, pour le cas Daft Punk, certains imaginent un complot de la maison de disques (Colombia) pour promouvoir leur dernier album… Difficile d’y croire étant donné la lourde stratégie de communication et vu le statut international des deux artistes. Au moins les ventes suivent, ce qui n’est pas forcément le cas du dernier Phoenix qui a subi le même sort. Peu de buzz, au final.
Contrairement à Foals ou Kavinsky, le dernier Bowie (et la mise au secret de sa sortie) n’a pas fuité… C’est donc possible ! Le problème, c’est que cette mise en ligne illégale du contenu d’un album avant sa sortie officielle entraîne obligatoirement une méfiance des acteurs. Que faire ? Faire des échanges à l’ancienne, en physique, comme pour l’album commun de Kanye West/Jay-Z. Et ne pas envoyer de copies aux journalistes (même watermarkées ndla : tatouage numérique nominatif). Quoi d’autre ? Il existe trop d’intermédiaires qui mettent en ligne sur Deezer, Spotify… Le taux de fiabilité est faible et la fuite peut provenir de partout.
Bien sûr que des stratégies pour lutter contre le leak existent au sein des maisons de disque, mais elles sont toutes empiriques. Le pire, c’est qu’il n’existe aucune étude sur son véritable impact – positif comme négatif – sur les ventes. »

Dbth.jpgRapport Lescure/ « On ne peut effectivement pas dire que le rapport soit révolutionnaire. Ce sont juste des constats auxquels il répond : Hadopi, Csa, etc. Mais, attention, quand c’est trop révolutionnaire, on n’applique pas forcément non plus… Nous sommes en plein paradoxe. Juste que c’est dingue, quand on y pense, qu’il a fallu Lescure pour faire des constats...
J’y lis qu’il faut reparler avec les consommateurs, reconnecter l’usager… mais il n’y a rien pour ! Les invités des tables rondes sont surtout des entreprises. Bref, c’est un rapport objectif, précisons-le, mais de professionnels pour des professionnels.
Des solutions ? Oublions la licence globale. L’idée est enterrée depuis 5 ans et le monde a changé : arrivée de Google Music (ndla : service d’écoute en streaming), toute puissance d’iTunes avec son milliard de téléchargement… De plus, il existe trop de paramètres européens. Qu’on se le dise : on ne trouve pas ! Et on ne trouvera pas ! Il n’existe aucun business modèle viable, le streaming stagne, les médias s’écroulent et les industries sont en récession…
Désormais quand tu achètes une voiture neuve (ndla : Peugeot), tu reçois un an de téléchargement de musique offert par Universal Music… Voilà à quoi est réduite la musique : un produit de consommation lambda, voire annexe. À terme, le fossé avec la scène émergente va davantage se creuser. On ne pourra plus être artiste à plein temps, ni gagner d’argent sur ses créations…
Certes, Fauve et Concrete Knives ont fini en distrib’ ! Mais il existe trop de supports différents pour émerger, trop de paramètres qui expliquent que – même si on trouve une martingale – elle ne pourra qu’être d’individuelle. Réadaptée, redimensionnée à chaque nouveau projet. N’émergeront que les originaux ou les pionniers… C’est la fin de la stratégie collective ! »



Deuxième règle du... Yalta Club

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Beau pied de nez que ces joyeux lurons qui se la jouent trompette estivale, clapes dans les mains, chœurs indisciplinés et guitares en pantacourt…


Yalta-Club.jpgUn charivari, parfait pour la saison, dont l’éclectisme reste malgré tout cohérent. Et pas si naïf qu’on peut le penser à en croire quelques tirades grinçantes... Côté production, on tape à la fois sous la ceinture vintage U.S. (toujours la faute à ces harmonies vocales de hippies !) autant que du côté britpop (une guitare aigüe aux riffs minimalistes).

L’énergie de la troupe est en tout cas palpable, communicative. Et c’est sans détour que l’on prend plaisir à s’engouffrer dans cette euphorie sachant ménager ses respirations. De quoi également souligner, encore, la bonne santé de la scène nantaise.

Passage réussi, donc, en long format après le premier E.P. « Highly Branded », dont le titre éponyme est repris ici.

Prenez votre carte de membre, ce « club des six » ne restera pas longtemps confidentiel en continuant ainsi à jouer dans la cour des grands.



> Facebook 
(Atmosphériques / AT Musiques)


French Cowboy & the One

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Depuis quelques années, on a pris l’habitude de suivre les pérégrinations de l’ancien chanteur des Little Rabbits (Federico Pellegrini), sorte de Frank Black privé de ses Pixies.

French-Cowboy-and-the-One.jpgSauf que, contrairement au frontman américain, et à défaut de s’y perdre parfois, l’errance lui est souvent profitable : avec Héléna Noguerra (« Dillinger Girl & Baby Face Nelson », 2006), une partie de ses anciens compagnons (devenue la « Secte Machine » de Katerine), Lisa Li-Lund ou bien encore Rubin Steiner.

Ce coup-ci, c’est avec l’ancien batteur de sa première écurie (Éric Pifeteau) que le chanteur s’affiche. Résultat : une même voix nasillarde en écho et une rythmique appuyée, sans être fantaisiste. Si le jeu change, les règles restent les mêmes dans ces chaises musicales courant sur plusieurs années. L’arbitre de la rencontre ? Inchangé : Jim Waters.

Les amoureux de la bande s’y retrouveront donc facilement parmi ce rock garage mêlant a capella, boucles et guitares fuzz. Les autres... ? Mais quels autres ?


> Site Internet
> Premier E.P.
> En concert


 

RENNES donne de l’élan au rock

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30 ans après son hold-up sur la scène musicale française, la capitale bretonne a patiemment préparé sa relève. Quoi de plus normal pour cette éternelle terre de découverte, ville étudiante indisciplinée située à quelques brasses de l’Angleterre. Tour d’horizon.


slide-rennes-21.jpg

Transmusicales, Electroni(k), Rock’n Solex, Agrock, Bars en Trans… Sur place, ce ne sont les festivals de découvertes qui manquent. Jusqu’à un petit nouveau venu fin octobre 2012 : I’m from Rennes, histoire de valoriser et populariser la production locale (dont une majorité des artistes précédemment cités), preuve de la bonne santé des autochtones.
Pas étonnant qu’une trentaine de labels indépendants a élu domicile à Rennes. Au-delà des réputés Rosebud (Katerine) ou Pudding Production (Billy Ze Kick), citons – parmi les petits derniers – le micro-label Range Ta Chambre, créé en 2006, qui édite des albums collectifs (Montgomery, Trunks, Laetitia Sheriff…) à l’artwork soigné. Et pour huiler le tout ? L’association Labels à Rennes, un regroupement de structures, histoire de mutualiser les moyens.
Enfin, après quelques années de léthargie, la municipalité s’est enfin décidée en 2009 à créer un « fonds de scène musicale rennaise », soit 600 albums locaux des 80’s à aujourd’hui dans les médiathèques de la Ville. Un travail autant sur la mémoire qu’un soutien aux structures et groupes en place.

Mermonte.jpgNOM/ Mermonte
DATE DE CREATION/ 2011
STYLE/ pop de chambre, post-rock
INFLUENCES/ Tortoise, Efterklang, Do Make say Think
RESSEMBLE A/ Beach Boys, Beatles
DISTINCTION/ Gagnant du tremplin Jeunes Charrues 2012
LE PETIT +/ 10 personnes, dont deux batteries, sur scène autour d’un seul homme (Ghislain Fracapane)
ALBUM/ « Mermonte » (2012)
SINGLE/ « Oups »
LA PHRASE QUI TUE/ « La violoniste, en vacances, n’avait pas le temps de venir sur Rennes. Du coup, on l’a rejoint pour tourner le clip… à Guérande. »

THE-POPOPOPOPS-2012_C4cRicharddumas_web-presse-media-only.jpgNOM/ The Popopopops
DATE DE CREATION/ avril 2007
STYLE/ britpop 90’s
INFLUENCES/ Talking heads, A Tribe Called Quest, Foals
DISTINCTION/ révélation Transmusicales 2008
LE PETIT +/ leur nom une référence au morceau « Seine-Saint-Denis Style » de NTM
ALBUM/ E.P. « A Quick Remedy »
LA PHRASE QUI TUE/ « On parle du Rock’n'roll comme il a pu être et comment nous on le conçoit, des difficultés à réinventer et à s’inspirer du passé pour créer quelque chose qui s’inscrive dans le présent. »

JUVENILES-Romain-Joly-Mensuel-de-Rennes.jpegNOM/ Juveniles
DATE DE CREATION/ février 2011
STYLE/ pop new wave
INFLUENCES/ Siouxsie and The Banshees, hot chip, Cut Copy
RESSEMBLE À/ Bryan Ferry, premiers New Order
DISTINCTION/ révélation Transmusicales 2011, générique Grand Journal (Canal+)
LE PETIT +/ le groupe est composé d’anciens membres de Russian Sextoys et de musiciens de Wankin’ Noodles
ALBUM/ E.P. « We Are Young »
LA PHRASE QUI TUE/ « Ce sont les potes de Caen comme Concrete Knives qui sont jaloux : là-bas, ils ont la qualité, mais pas l’ambiance ! »

the-wankinnoodles-Photo-gildas-raffenel.jpgNOM/ Wankin’ Noodles
DATE DE CREATION/ fin 2007
STYLE/ garage rock, pop brute 60’s
INFLUENCES/ The Sonics, The Hives, The Kinks
DISTINCTION/ passage aux Transmusicales 2008 et 2009
LE PETIT +/ le premier album voit l’arrivée de nombreux morceaux en français (absents des L.P.)
ALBUMS/ E.P. « Their Lovely Countryside », E.P. « Virgins At Their Feet » (2009), L.P. « Tu Dormiras Seule Ce Soir »
LA PHRASE QUI TUE/ « Notre chanteur sait attirer l’attention. Normal : on fait tous 1m60… et lui 2 mètres. »

qm_3592927_1_px_470_.jpgNOM/ Success
DATE DE CREATION/ 2007
STYLE/ électro rock
INFLUENCE/ Beastie Boys
RESSEMBLE A/ Iggy Pop, Didier Wampas
LE PETIT +/ le groupe est composé d’anciens membres de Percubaba
ALBUMS/ E.P. « Road to Billy Joe » (2008), E.P. « The Secret » (2010), L.P. « Social Network Junkies »
LA PHRASE QUI TUE/ « S’arracher ses poils sur scène pour ensuite les offrir à la foule, ça, c’est un vrai don de soi, non ? »

657847redeye03CarolineRuffault.jpgNOM/ ReDeYe
DATE DE CREATION/ 2006
STYLE/ americana, folk, rock alternatif
INFLUENCES/ Johnny Cash, Bonnie Prince Billy, Bon Iver
RESSEMBLE A/ Woodie Guthrie, Justin Vernon, Elliott Smith
LE PETIT +/ side-project en solo du groupe DAhLIA
ALBUMS/ E.P. « Run Away » (2009), L.P. « ThIsIsReDeYe » (2008), E.P. « Be The One » (2011), « End Of The Season » (2013)
LA PHRASE QUI TUE/ « Il ne fait jamais arrive avec des maquettes, faire trop de prises, histoire de garder un minimum de spontanéité. »

manceau.jpgNOM/ Manceau
DATE DE CREATION/ été 2009
STYLE/ post punk
INFLUENCES/ Beatles, Gainsbourg, Polnaref
RESSEMBLE A/ Zombies, Mercury Rev’
DISTINCTION/ sélection Fair 2012
LE PETIT +/ un maxi sorti après trois mois de création
ALBUM/ E.P. « On a Mellow Day » (2010), L.P. « Life Traffic Jam » (2012)
LA PHRASE QUI TUE/ « Dès la 3e, je disais à la conseillère d’orientation que je voulais être chanteur… »

QUELQUES GLOIRES LOCALES
80’s/ Etienne Daho, Marquis de Sade, Niagara, Kalashnikov, Tohu Bohu, Dominic Sonic,
90’s/ Bikini Machine, Spicy Box, Candie Prune, Sloy, Billy Ze Kick, Percubaba
00’s/ Yelle, Da Silva

ILS Y ONT ETE DECOUVERTS
Nirvana, Radiohead, Björk, Ben Harper, Lenny Kravitz


(dossier préparé dans le cadre des Bars en Trans 2012)

 

69 « Adulte » (Lowmen / Modulor)

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S’il y a, effectivement, de quoi se mettre à la tête à l’envers, les ex-membres de Sloy (Armand Gonzales et Virginie Peitavi) sont loin de la production léchée.

69-Adulte.jpgAu contraire, c’est la culbute des rocks, en mode rêche, qui prédomine ici. Le coup de la raideur électro-indus aux notes stridentes. 4 ans après leur « Novo rock », 3 ans après les avoir notamment croisés aux Vieilles Charrues en 2011, le duo prolonge sa vision dark-vintage du dancefloor.

Leur son sait se faire plus mesquin, obsessionnel, laissant le chant illuminé du premier opus sur le bas-côté. Et de leur statut de petits princes de la noise, il reste encore quelques cendres fumantes où apparaît encore le spectre de Joy Division.


Car 69 se revendique davantage des eighties que de l’année érotique, dressant une cartographie d’un post-rock vallonné de mélancolie. Puis, toujours : des boîtes à rythmes, des claviers, une guitare torturée… Des échos plus que des larsens. Des fantômes plutôt que la catharsis gueulante.

De la subtilité. 


> Site Internet



 


Rajery, prince de la valiha

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Les studios de la Ruche, nouvel label de Rajery – maître malgache de la cithare tubulaire en bambou (sorte de harpe typique de la Grande Île) –, sortent un documentaire de 52 min. sur l’artiste. Intitulé « Le Prince de la valiha », ce moyen métrage sera notamment diffusé le 23 juin sur Le Mans tv.


rajery_dominique_lagnous.jpgGermain Randrianarisoa, plus connu sous le nom de Rajery, est un auteur-compositeur-interprète. Encore nourrisson, il perd l’usage des doigts de sa main droite. De son amputation restera l’envie d’en découdre avec la vie. Il aura sa revanche en apprenant seul à jouer de la valiha, à 15 ans. Béni des ancêtres et issu d’Indonésie, cet instrument évoque, de part ses sonorités, le clavecin, la kora ou la sanza. Idéal pour compléter l’apprentissage de la musique de Rajery, faite de chants religieux d’Ambahimanga (l’une des collines qui entourent Antananarivo, la capitale) et de musiques folkloriques des Hauts-Plateaux.

Avec son premier groupe Tsilavina, Rajery tente de s’affranchir de la tradition, et ce, dès le début des années 80, en dépoussiérant le genre. Comme une suite logique à cette tentative de rajeunissement, il crée en parallèle le plus grand orchestre de valiha, puis une semaine nationale consacrée à l’instrument. La notoriété l’aide alors à renvoyer l’ascenseur social aux enfants de rues, se positionnant même comme musicothérapeute.

C’est son deuxième album (« Fanamby » – le défi –, 2001) qui le fait connaître hors des frontières. Un disque acoustique, axé sur la fusion des styles (le salegy du chanteur Jaojoby – rythme populaire en 12/8 –, le blues des Hauts-Plateaux, les polyphonies a cappella ou encore le groove du rija – sorte de chanson populaire). Lauréat du Prix RFI Musiques du monde 2002, sa tournée passe par Paris, les Etats-Unis et l’Afrique australe.

En 2004, son album « Volontany » (couleur rouge de la terre malgash, symbolisant l’île) convoque un quartet de musiciens de jazz, lui permettant d’accéder au festival Chorus des Hauts-de-Seine ou encore la première partie de la chanteuse malienne Rokia Traoré. Rajery lance en fin d’année la première édition de son festival Angaredona (effort collectif). Objectif : faire la promotion de la scène locale. C’est lors de sa 3e édition en 2006 que le projet 3MA (Mali, Madagascar, Maroc) prend vie autour de Rajery, Driss El Maloumi et Ballaké Cissoko. Le résultat donnera, en 2007, un album enregistré à La Réunion.
2007, sortie du 4e album : « Sofera » (chauffeur). 2008, la tournée organisée dans le cadre de 3MA emmène Rajery dans près de 25 pays, dont la moitié du continent africain. Un second album collégial sort dans la foulée. Occupé par les multiples concerts, c’est en 2012 que l’artiste sort un nouvel opus solo « Tantsaha », lié à un projet de reforestation.

La sortie du documentaire est l’occasion de rappeler l’itinéraire de cet ancien fils des townships devenu prince bienveillant de la valiha. Comme le rappel d'une réalité oubliée : celle d’un pays embourbé dans l’indifférence internationale et les complications politiques. Une leçon sur la nécessité de survie d’un homme et de sa culture pour que subsiste l’espoir. Pour qu’existe un avenir.



(photo : Dominique Lagnous)

> Dossier complet Madagascar
> Portrait de Gilles Lejamble (Libertalia)

 

Sélection festivals 2013 : aller de concert(s)

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Chaque année, c’est la même rengaine : plus de 150 événements, de la collectivité locale opportuniste à l’association historique, se partagent pendant trois mois un catalogue à peine différent. Mais au-delà de cette culture best-of imposée, reste quelques irréductibles chez qui le soutien aux scènes émergentes a encore pignon. Petit tour par la France.

Festival-musique.jpg

Les cumulards de l’été
Avant que les différentes programmations ne furent dévoilées, les pronostics semblaient attribuer à Fauve ≠ le titre du plus grand squatteur de l’été. Hors, c’est Tryo qui finalement remplace Zebda (plus d’une trentaine de dates sur la période en 2012). Pour autant, le quatuor reggae-folk ne se produit pas dans les festivals les plus importants, optant pour des manifestations au rayonnement régional. Sur le podium des festivals, on retrouve également le chanteur israélien Asaf Avidan et Wax Tailor (dont les Eurockéennes, Solidays et Main Square en commun).

 

 

solidays-2013.jpg// Solidays
DATE/ 28-30 juin
LIEU/ hippodrome de Longchamp (Paris)
FREQUENTATION/ 160 000 personnes
CREATION/ en 1999 par l’association Solidarité Sida, dans le but de récolter des fonds (17 millions d’euros depuis ses débuts)
LE PETIT +/ village de stands associatifs, saut à l’élastique (1 591 participants en 2009), cachet réduit pour les artistes
EDITIONS PRECEDENTES/ Zebda, Garbage, Asian Dub Fondation, Toots and the Maytals, Manu Chao, NTM, The Gossip, Lauryn Hill, FFF, Robbie Williams…
TETES D’AFFICHES 2013/ The Hives, Bloc Party, David Guetta, Poni Hoax
DECOUVERTES FRANCOPHONES/ le dj électro-pop Breakbot, le rock de Hyphen Hyphen et la new wave de Juveniles
ANECDOTE/ L’année dernière, à l’occasion de leur 3e passage, le groupe Shaka Ponk a fait fabriquer des Shakapotes, préservatifs à l’effigie de leur mascotte : le singe Goz. La distribution a eu lieu pendant un slam du chanteur, un carton dans la main et le micro dans l’autre… 

Pause-Guitare-2013.jpg// Pause Guitare
DATE/ 4-9 juillet
LIEU/ Albi (Tarn)
FREQUENTATION/ 60 000 personnes (110 000 en 2012)
CREATION/ en 1997, il n’accueillait que 150 festivaliers
LE PETIT +/ principal festival de Midi-Pyrénées, scène québécoise, compensation carbone (plantation d’arbres)
EDITIONS PRECEDENTES/ Roger Hodgson (ex-Supertramp), Hugh Coltman, Joe Cocker, Johnny Clegg, Richard Bohringer, Souad Massi, Calvin Russell, Mes Souliers sont rouges…
TETES D’AFFICHES 2013/ Iggy Pop, Crosby Stilles & Nash, Peter Doherty, Giedré…
DECOUVERTES FRANCOPHONES/ le groupe groovy-funk DELUXE, le duo folk-jazz Scotch & Sofa et le groupe de jazz Benoit Paradis Trio
ANECDOTE/ Le programmateur a tellement craqué sur l’artiste Melismell, il y a 5 ans, qu’il lui a financé ses premières affiches… 

Au-Foin-de-la-rue-2013.jpeg// Au Foin de la rue
DATE/ 5-6 juillet
LIEU/ Saint-Denis-de-Gastines (Mayenne)
FREQUENTATION/ 8 000 personnes
CREATION/ en 2000 par l’association éponyme (3 salariés, puis 700 bénévoles pendant le festival) qui organise d’autres événements dans le Nord du département
Le PETIT +/ développement durable, esprit terroir, après-midi Arts de la rue gratuit
EDITIONS PRECEDENTES/ House of Pain, Emir Kusturica, Tiken Jah Fakoly, Yaël Naïm, Goran Bregovic, Ez3kiel, Iam, Nada Surf, Java, Sinsemilia…
TETES D’AFFICHES 2013/ Cowboys fringants, Archive, Gogol Bordello, Arno…
DECOUVERTES FRANCOPHONES / le plateau MPC Arena avec Tha Trickaz (hip-hop dubstep), Smockey Joe & The Kid (électro-swing et turntablism) et Jukebox Champions (beatmaking)
ANECDOTE/ Le groupe de hip-hop américain The Coup a envoyé aux médias, peu avant le 11 septembre, un visuel de leur album à venir (« Party Music ») représentant l’explosion du World Trade Center… Il y a des hasards plus heureux ! 

chauffer-noirceur-2013.jpg// Chauffer dans la noirceur
DATE/ 12-14 juillet
LIEU/ la plage de Montmartin-sur-Mer (Manche)
FREQUENTATION/ 9 000 personnes
CREATION/ en 1992. Résultat d’une rencontre entre musiciens québécois et bas-normands à l’occasion d’une tournée des Morissets
LE PETIT +/ axé sur une majorité de découvertes (dont des spectacles gratuits en journée), le festival a participé à la médiatisation de Dominique A, Billy ze Kick, Mickey 3D et Cœur de pirate
EDITIONS PRECEDENTES/ Diabologum, The Wailers, Fishbone, Senser, Lee « Scratch » Perry, Les Tambours du Bronx, Saul Williams, Public Enemy…
TETES D’AFFICHES 2013/ Black Rebel Motorcycle Club, La Grande Sophie, Sexy Sushi, Alborosie…
DECOUVERTES FRANCOPHONES/ le groupe de pop baroque April was a passenger et la new wave de La Femme
ANECDOTES/ Tricky réclamant un sparing partner de full contact avant de monter sur scène, Sanseverino entamant une bagarre avec le président du festival, Assassin refusant de jouer le même soir que Casey, Tagada Jones proposant de jouer sur le parking…  

Francofolies_2013.jpg// Francofolies
DATE/ 12-16 juillet
LIEU/ La Rochelle (Charente-Maritime)
FREQUENTATION/ 150 000 personnes
CREATION/ en 1995, à l’initiative de l’animateur radio Jean-Louis Foulquier
LE PETIT +/ les actions menées en marge du festival (ateliers de perfectionnement scénique, opérations de valorisation de la chanson en classe, créations audiovisuelles avec des étudiants)
EDITIONS PRECEDENTES/ Gold, William Sheller, Renaud, Manu Dibnago, Léo Ferré, Paolo Conte, The Cardigans, Buena Vista Social Club, Linda Lemay, Alain Souchon…
TETES D’AFFICHES 2013/ -M-, Cali, Benjamin Biolay, Gaëtan Roussel…
DECOUVERTES FRANCOPHONES/ le duo pop Eléphant, le quatuor yé-yé Granville et la chanteuse psychée Mai Lan
ANECDOTE/ Fort de son succès, les Francofolies se sont exportées au Québec (depuis 1989), en Bulgarie (1991-1993), en Belgique (depuis 1994), en Argentine et au Chili (1995), en Allemagne (1996), en Suisse (1999 et 2003). Une édition au Congo est actuellement à l’étude.

Vieilles-charrues-2013.png// Vieilles Charrues
DATE/ 18-21 juillet
LIEU/ Carhaix (Finistère)
FREQUENTATION/ 270 000 personnes
CREATION/ en 1992, à l’origine une fête aux cochons entre amis pour se moquer des Vieux Gréements de Brest
LE PETIT +/ réputé meilleur public de France, 5 650 bénévoles, espace Arts de la rue, soutien au tissu associatif et culturel du Centre-Bretagne
EDITIONS PRECEDENTES/ Portishead, The Cure, Sting, Pixies, Snoop Dogg, Pulp, Lou Reed, Bob Dylan, Bruce Springsteen, ZZ Top, The Blues Brothers, James Brown…
TETES D’AFFICHES 2013/ Rammstein, Elton John, Phoenix, Carlos Santana
DECOUVERTES FRANCOPHONES/ le rock de BRNS, la chanteuse Mesparrow et la pop du groupe Mermonte
ANECDOTE/ Impossible de parler de la programmation de Neil Young cette année sans penser à notre ami Jean-Philippe Quignon (programmateur et président, décédé d’un cancer l’an dernier). Le Loner était son maître, son modèle. Il n’avait de cesse de répéter que son rêve était de l’accueillir… 

Pont-du-rock-2013.jpg// Au Pont du rock
DATE/ 26-27 juillet
LIEU/ Malestroit (Morbihan)
FREQUENTATION/ 19 000 personnes
CREATION/ en 1989 (+ vieux festival rock de Bretagne)
LE PETIT +/ festival à taille humaine, demande en mariage effectué sur scène
EDITIONS PRECEDENTES/ les duos Catherine (Ringer) & Katerine, Arthur H & Izia, la création du Bal des Enragés, The Young Dogs, Little Rabbits, Les Négresses vertes…
TETES D’AFFICHES 2013/ Olivia Ruiz, Stupeflip, Kavinsky, The Jim Jones Revue…
DECOUVERTES FRANCOPHONES/ le duo pop Little Trouble Kids, les électro-rockeurs Yosh et la new wave de Lescop
ANECDOTE/ Ce sont les Ogres de Barback eux-mêmes qui ont contacté le festival pour y être programmé, se retrouvant dans la démarche indépendante 

Reggae-sun-ska-2013.jpg// Reggae Sun Ska
DATE/ 2-4 août
LIEU/ Pauillac (Gironde)
FREQUENTATION/ 85 000 personnes (15-35 ans)
CREATION/ en 1998
LE PETIT +/ plus grand festival du genre en France, le reste est dans le titre…
EDITIONS PRECEDENTES/ Horace Andy, Ayo, Peuple de l’Herbe, High Tone, The Herbaliser, Max Romeo, Israel Vibration, Steel Pulse, Saïan Supa Crew…
TETES D’AFFICHES 2013/ Ska-P, Dub Inc., Raggasonic, U-Roy…
DECOUVERTE FRANCOPHONE/ le guitariste reggae-folk Vanupié
ANECDOTE/ L'an dernier et suite à son concert en tant que tête d’affiche, le chanteur Damian Marley (fils de) est revenu se produire le lendemain sur la petite scène avec le célèbre soundsystem jamaïcain Stone love. Tout simplement parce qu’il s’y sentait bien ! 

Eurockennes-2013.png// Eurockéennes
DATE/ 2-4 août
LIEU/ Belfort (Franche-Comté)
FREQUENTATION/ 100 000 personnes
CREATION/ en 1989
LE PETIT +/ la presqu’île de Malsaucy, programmation pointue et éclectique
EDITIONS PRECEDENTES/ Cypress Hill, Jay-Z, Missy Elliot, Marilyn Manson, Juliette and the Licks, Wu-Tang Clan, Daft Punk, Depeche Mode, The Chemical Brothers…
TETES D’AFFICHES 2013/ Jamiroquai, The Smashing Pumpkins, Blur, Bois Noize…
DECOUVERTES FRANCOPHONES/ l’acid-punk Mikki Blanco, le soundsystem Club des Justiciers milliardaires d’Abidjan et la noise d’Electric Electric
ANECDOTE/ Blur avait demandé, lors de son précédent passage en 1995, un énorme saladier de M&M’s de couleur verte. Un des membres de l’organisation a donc trié des sacs toute une matinée. Quand on leur a raconté, ils se sont moqués de nous : on pouvait en acheter en Angleterre… 

festival-couvre-feu-2013.jpg// Couvre Feu
DATE/ 23-25 août
LIEU/ Corsept (Loire-Atlantique)
FREQUENTATION/ 25 000 entrées payantes
CREATION/ en 2000 par l’association Rue Tabaga & Couvre Feu dans le but de développer la culture en milieu rural (organisation de concerts, soutien logistique à la scène émergente…)
LE PETIT +/ les 7 chapiteaux de cirque planté en bords de Loire
EDITIONS PRECEDENTES/ Suicidal Tendencies, La Rue Kétanou, Thomas Fersen, rinôcérôse, Uncommoonmenfrommars, Puppetmastaz, Groundation, Elmer Food Beat…
TETES D’AFFICHES 2013/ The Offspring, The Bloody Beetroots, Patrice, The Inspector Cluzo…
DECOUVERTE FRANCOPHONE/ le duo trip-hop Mac Guffin (dont Damny, ex-La Phaze)
ANECDOTE/ « Le festival est d’une rencontre entre le programmateur et les Ogres de Barback, alors en tournée Latcho Drom. Objectif : monter un festival sous chapiteau hors des villes. Le groupe a soutenu le lancement et son équipe technique assure encore aujourd’hui la régie … »


Compte-rendu festival Hellfest 2013

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C’était du 21 au 23 juin 2013, Clisson (44). Et c'était bien.

Hellfest

LA CARTE D’IDENTITÉ/ 
équivalent du Wacken allemand, le festival du vignoble nantais est LE rendez-vous hexagonal des groupes à racines metal, voire punk-rock. S’y sont succédés, lors des éditions précédentes : Alice Cooper, Ozzy Osbourne, Scorpions, Guns N’ Roses, Marilyn Manson, Slayer, Deftones ou encore Megadeth.
LA PETITE HISTOIRE/ si la première édition date de 2006, une partie de l’équipe organisatrice provient du Furyfest (2002-2005, situé à Rezé, puis au Mans). Régulièrement au centre d’attaques (Christine Boutin, Philipe de Villiers, Civitas…) le festival a accueilli 102 000 spectateurs en 2013, dont près d’un quart d’étrangers, avec un budget de 8 M€.

LES +/ peu d’équivalent en France, voire en Europe, en terme de grand écart des cultures metal ; un décor soigné (sculptures et stands en tôle rouillée qui s’embrasent le soir, un espace boisé dédié au muscadet…) ; un marchandising appuyé (tétine, bavoir, tablier, pare-soleil, cravate, serviette de plage…) ; un vaste camping animé ; un accès rapide aux deux scènes principales, facilité par leur positionnement côte à côte (au lieu du traditionnel vis-à-vis) ; et l’esprit bon enfant des festivaliers de l’ouest.
LES -/ le manque de signalétique en ville (40 min. à pied entre la gare et le site) ; une navette, reliant le festival, payante (bien que peu chère : 2 €) ; une scène – la War Zone – parfois difficilement praticable en raison de son entrée en virage ; et… le temps océanique (un classique).

gene-simmons-et-kiss-seront-de-retour-au-hellfest-en-juin_9.JPGLES CONFIRMATIONS : le show exclusif de Def Leppard (leur dernier concert en France datait de 1996) ; l’incroyable énergie de Korn – malgré la calvitie naissante de son chanteur Jonathan Davis – qui a eu le bon goût de jouer en majorité ses premiers albums ; le tour de piste des pré-retraités Accept, qui en ont encore sous la semelle ; la force tranquille des Texans ZZ Top ; la forte affluence devant les joyeux drilles de NOFX ; et les grands guignolesques Kiss avec leur panoplie kitch-délirante (pyrotechnie, maquillage et cape, élévateurs pour les solos, tyrolienne pour aller jouer sur la tour technique…).

ILS VALAIENT AUSSI LE COUP : Gojira, Europe, Napalm Death, Cradle of Filth, Buzzcocks, 3 Doors Down, Danko Jones, Papa Roach, Senser…

LES FRANCOPHONES : même s’il ne reste que trois membres d’origine et que le phrasé parlé des débuts fut presque abandonné, Mass Hysteria conserve sa hargne communicative ; Punish Yourself est toujours aussi drôle/perturbant/flippant (raillez la mention inutile), Treponem Pal, bien que jouant aussi les Peter Pan entourés de kids, arrive toujours à rendre actuel leur son indus.

ANNULATION : (notamment) Alice in Chains
CA A FAILLI : Iron Maiden et Aerosmith

Francheteau.jpgL’ANECDOTE : croisée dans les allées le samedi, la famille Francheteau de Vertou (commune de 21 400 habitants située à 20 km). Le patriarche, artisan du bourg et âgé d’une soixantaine d’années, était curieux de ce festival dont les voisins parlaient tant. Un festival pourtant aux antipodes de ses goûts musicaux. Revenu d’un voyage au Portugal, il a donc payé le billet d’entrée à ses enfants (et son gendre) pour l’accompagner – qui, en retour, lui ont offert un t-shirt de Motörhead –, afin de se faire une idée sur le lieu. Sans pour autant se projeter sur 2014, l’expérience s’est avérée concluante.

LA CITATION (Benjamin Barbaud, directeur) : « Ne perdre que 3 000 entrées (par rapport à 2012) dans une période de crise, où la tva a augmenté – tout comme le prix du billet – , cela reste une belle performance. (…) Nous sommes très contents et fiers de ce résultat qui confirme la fidélité de nos festivaliers. (…) Le samedi a été caractéristique de cela, avec beaucoup de locaux ainsi que des personnes plus âgées qu’habituellement. »

PROCHAIN RENDEZ-VOUS : 20, 21, 22 juin 2014

> Site web

 

Eh la, qui va là ? The Inspector Cluzo

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On dit du duo qu’il sonnerait comme « les Melvins en train de sodomiser Marvin Gaye »… Vrai, bien que réducteur. Car, au-delà de leur rock couillu et cuivré, se cache un authentique (auto)produit gascon. Un projet sincère, avec le budget slip d’un porno des familles et les deux pieds dans la terre. En dégustation, depuis 2008, dans 35 pays.

Cluzo.jpg
Sans concession (agricole ?)
The Inspector Cluzo, c’est une guitare (Malcom) et une batterie (Phil). Sans sucre ajouté, ni édulcorant. Le choix d’une forme directe, parfois brute, souvent réduite à son essentiel. Comme pressé d’en découdre. D’aller se battre là où « tout se joue » : la scène. Puis, un nom sur le bocal, inscrit de la main de leur ami Angelo Moore (chanteur de Fishbone) – référence anglophone au naïf flic de « La Panthère rose ». Pourtant, rien de plus sérieux que ce qui séduit par son artisanat, touche par sa radicalité et ses valeurs. Parce que devenu trop rares. Parce que fragiles. A l’ancienne.
A l’origine, il y a deux anciens survivants de Wolfunkind, un groupe rock-funk qui étira son spectre jusqu’à l’électro, le disco ou la musique hispano-arabisante. De quoi ouvrir 5 fois pour FFF, monter sa structure de booking (Ter à Terre) et y gérer notamment les tournées de Sharon Jones and The Dap-Kings. Tout est déjà là : l’autonomie et l’indépendance, l’importance du live et la fusion des styles, l’amitié et les racines… Mont-de-Marsan.
« Là où se passait Intervilles ? », attaque-t-on d’entrée pour tâter du caractère local. « Ouais. Pas notre faute si nous avons toujours gagné… Ici, tu colles une vachette à n’importe qui, il sait quoi en faire… », répondent-ils du tac au tac, railleurs. Avant d’enchaîner : « Ici, tout le monde se cogne du rock, mais ils restent – malgré tout – fiers de nous ! (rires) Caractère et humilité, c’est dans l’Adn. Comme Didier Wampas – que nous adorons –, nous avons un travail à côté. C’est important ! On le répète souvent : tous ces mecs qui prennent de la coke, se la pètent, etc. C’est n’importe quoi. Le rock, c’est sur scène ! Pas avant, ni après. »

Gascons d’honneur
Pas difficile pour le duo de tout maîtriser (leur label FuckTheBassPlayer, management, booking, marchandising, édition…), jusqu’à parler d’une seule voix : 21 ans qu’ils jouent ensemble. « On habite à 50 m l’un de l’autre, prenons des cours de gascon, avons une association qui soutient la culture locale (par exemple en distribuant nous-mêmes des bandes dessinées en gascon – les mecs hallucinent !) », balancent-ils, pas peu fiers. Et de lancer : « En tournée, nous ne prenons qu’une chambre (mais pas le même lit, oh). » Besoin de maintenir une chaleur animale ? « C’est une approche sportive ! », répondent Phil et Malcom, « Nous avons fait beaucoup de sport collectif, donc la collectivité et la proximité, on connaît… De plus, nous n’avons pas d’égo l’un par rapport à l’autre. Complémentaire techniquement, mais pareil dans le caractère. Comme un lien fraternel. »
Sauf que ce rock rural, cette fusion entre groove et punk, n’a rien de bouseux. Au contraire, il s’inscrit dans un code d’honneur qui donne presque envie de poser le crayon et les suivre. Tout plaquer pour renaître. « C’est quelque chose de très terrien. Une éthique autant qu’une façon de vivre. Ca nous a parfois fermé les portes, mais nous sommes droits dans nos bottes, intègres. Pas le temps pour une salle qui nous prendrait de haut. Pas intéressés. Nous avons grossit parce que ça marche, pas parce que nous avons peur. C’est ça l’ar-ti-sa-nat ! C’est comme le stade montois rugby dont nous partageons entièrement toutes les valeurs : pas d’argent, des petits comme des gros, mais tout le monde combat pour la beauté du jeu. Donne-nous un défi, nous n’en serons que meilleurs. Snobe-nous, notre meilleure réponse sera la scène. »
Avec un tel mode de vie, c’est à se demander pourquoi joue-t-il le jeu de la promotion. « Nous ne refusons jamais ! », coupent aussi sec les deux mousquetaires. « Juste que nous considérons le live plus important que la couverture médiatique. Nous avons généralement les médias qui nous correspondent : indépendants. Pour le reste de la profession, les retombées tombent souvent après les concerts, preuve que notre leitmotiv est le bon. Et puis, nous sommes un groupe de carrière, non de concept. Ca fait seulement que 5 ans et nous avons vu tant de groupes hypes disparaître post-festivals… »

Phil-MalcomPiliers de la terre
Cette prise de distance, salvatrice pour leur processus de création, va même plus loin : « En ce moment, nous essayons d’acheter une ferme pour élever nos canards et nous auto-subvenir en nourriture. Il est plus important pour nous de se réapproprier notre terre, dans un contexte de mondialisation, que de tourner. De tous les pays visités, la France et les Etats-Unis sont – de notre point de vue – les plus consuméristes. Cela nous rend tristes : personne ne s’en rend compte. Et, comme par hasard, nous avons constaté que les lieux où il subsiste une culture locale forte sont ceux qui résistent le plus : Auvergne, Bretagne… »
Etonnant que cette forme de militantisme n’est pas encore trouvé récupération de la part des politiques. Bien qu’approchés, The Inspector Cluzo ont toujours décliné, souhaitant rester discret sur ce domaine. Seul élément qu’ils peuvent affirmer, c’est que « l’Europe est intellectuellement corrompue avec des politiciens qui subissent des lobbyings comme ceux de Mosanto. Peu vont sur le terrain. Ah ça, pour nous torcher des pistes cyclables, pendant que les agriculteurs – qui font pousser des aliments ! – meurent de faim, il y a du monde… » Et de rajouter : « Au contraire, il y a tout à faire à la campagne. C’est dingue quand même ce mal-être et cette peur du vide généralisée qui obligent les gens à vivre à tout prix en ville. » 
Preuve de la ritournelle, cette thématique est justement au centre de « Gasconia rock ». La pochette est en toute symbolique : « un Gascon en béret qui te regarde fièrement dans les yeux. Pas par pitié, mais tendresse. Toujours dans le respect de la culture des autres… Le reste de la pochette alternera planches de bande dessinée – comme pour le précédent album – et photos montrant que, en dehors des villes, il reste de belles choses. » Pas comme un rappel à l’ordre, mais bien comme un espoir, une utopie à épouser. Entrevoir l’équilibre à retrouver coûte que coûte.

Exportation
Halte aux clichés cependant, leur public étranger n’est pas une niche de spécialistes : « Des fans, certes, mais aussi des amis, des curieux, des street teams qui nous aident à distribuer… On dort souvent chez eux. Par exemple, notre tourneur au Japon (le n°2, également programmateur du festival Fuji rock, dans lequel ils ont joué dès 2008) conduit lui-même le camion de la tournée, nous a déjà présenté sa femme, etc. C’est fort comme moments ! » Un positionnement qui s’avère gagnant : 600 concerts en 5 ans, dont quelques festivals majeurs (Sziget, Dour, Eurockéennes, Solidays, Francofolies, Vieilles Charrues, Transmusicales…), et un titre classé devant Lady Gaga dans les charts des radios commerciales japonaises, en mai 2010. Comme quoi, l’engagement et l’ancrage local peuvent payer.
En tournée, d’ailleurs, le groupe met un point d’honneur à toujours ramener un peu d’Armagnac et de foie dans ses bagages : « Pas évident, car nous ne sommes généralement que 3 à porter le matériel et le marchandising. Mais c’est notre marque : on se démerde. (dans le documentaire, vous serez comment nous pouvons contourner la question du surpoids de bagages en soute). » Des souvenirs d’un des 35 pays visités ? « Là, nous revenons tout juste de l’Afrique du Sud, c’était énorme. On y a été programmé parce qu’un mec nous a vu à Taïwan ! Dingue, non ? Pas besoin de majors ! Les choses peuvent être spontanées… »
Mais ce qui les motive le plus à avaler autant de kilomètres, c’est avant tout l’échange : « Toutes les cultures sont intéressantes. On apprend tellement ! Chacun dit comment il fait chez soi, etc. On constate souvent, d’ailleurs, que nous sommes généralement d’accord sur le fond. Ce qui met encore plus en valeur que, ce que nous consommons culturellement en ce moment, est en décalage… »
Et même si le public ne comprend pas toujours les paroles, les deux compères s’essaient à toutes les langues : « Notre humour est pris pour du pince-sans-rire. A l’anglo-saxonne. Mais ça reste universel, car caustique. On aime le combat, on taquine. On crée des relations dans le fight, c’est notre culture. L’humour reste cependant chaque fois improvisé parce que le public, c’est comme des potes. Les terriens restent toujours des poètes romantiques. La vie glisse sur nous ! »

Gasconia-rock.jpegNouvelle moisson
« Pour la première fois, nous avons pris 6 mois de repos (entre novembre et juillet), car nous ne prenons habituellement que 15 jours par an », s’excusent-ils, d’emblée. « Et encore, pendant les 6 mois, nous avons géré l’association... Une période de recul, certes, mais pas de remise en question. C’est d’ailleurs la première fois que nous réalisons l’album de A à Z. Les autres furent mixés par Stephan Kraemer. On a juste un ingénieur du son qui nous surveille au loin (rires) et nous avons acheté, pour l’occasion, une vieille table analogique pour être raccord avec la puissance de notre son live. »
Justement, comment régler ce dilemme ? « Il nous fallait une cohérence, sans être un copié-collé (étant donné que nous faisons des overdubs en studio – ndla : le fait de réengistrer des parties additionnelles). Ca sonne très vintage, comme on le voulait. Entre Led Zep’, les Who et Beck. La batterie est en mono, avec un seul micro (rires). Moins funky, plus rock’n’roll. Nous étudions également le fait de rajouter une boha (ndla : cornemuse gasconne, capable de réaliser des accords). »
En parallèle de ce nouvel album : la sortie d’un documentaire. « C’est dans l’idée de la transmission de valeurs », coupent les Gascons, afin de se prémunir de tout procès d’intention. L’idée viendrait même de Jean-Louis Brossart, programmateur historique des Transmusicales de Rennes : « Il nous a soufflé l’idée de montrer aux autres l’incroyable aventure que nous vivions, et dont nous n’avions pas conscience. Que cette histoire permette de prouver que l’on peut arriver à quelque chose par d’autres moyens. Et rien ne cacher : des engueulades, du canard, du rugby, du manque d’appuis et… les joies. Surtout. »

Pour le moment, pas de saturation du groupe face aux multiples réécoutes de l’album lors du mixage. Au contraire, Phil et Malcom sont excités à l’idée du nouveau combat à donner. Avec un choix difficile à prendre : « choisir seulement 10 titres parmi les 22 chansons enregistrées. » Gloups. Ou comment, avec le succès et le trop-plein de créativité, les voici tout d’un coup confrontés à un problème de riches…




Album « Gasconia rock »
> Label
> Concert Vieilles Charrues 2011

Discographie
« Cluzo » E.P. (2008) / « The Inspector Cluzo » (2008) / « The French Bastards » (2010) / « The 2 Mousquetaires » (2012)


 

Albums leaked : un délit de fuites

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Leak, comme dans WikiLeaks. « Fuite » en anglais, un mot tristement à la mode. Ou comment un artiste voit son album se faire pirater avant sa sortie officielle. U2, Will.i.am, Phoenix, Daft Punk, Booba… Ils sont de plus en plus nombreux à être concernés. Alors, réelle menace ou tentative de buzz ?
Leak-Florent-Choffel.png
La fuite d’un album ? Une réalité devenue banalité et à laquelle on ne prête plus trop attention. Presque du comique de répétition. D’autant que la forme est chaque fois différente : problème technique d’iTunes pour le groupe Bon Iver ou The Raconteurs (Jack White), mise en vente précoce du dernier U2, transfert de fichiers sur les réseaux sociaux pour Carla Bruni et Christophe Willem, vol d’ordinateur portable pour Jai Paul (ironie du sort, et face au buzz enthousiaste, le chanteur révélera qu’il ne s’agit que de chansons non terminées…), voire de maquettes pour le chanteur des Black Eyed Peas (Will.i.am ira jusqu’à retourner en studio pour tout réenregistrer)… Aucun style n’est épargné. Cas unique, le dernier Daft Punk cumule plusieurs axes : rareté de l’information pour faire monter les enchères, remixes réalisés à partir de samples, single (puis finalement l’album) piraté, explosion des reprises et parodies… La boucle est bouclée pour le duo croyant pouvoir maîtriser le timing de diffusion.

Ecoutes.jpgMode de consommation
La raison est simple : Internet a modifié notre rapport à la musique. Une étude du Ministère de la Culture montre d’ailleurs que la tranche des 25-39 ans, qui écoute de la musique tous les jours et hors radio, est passée de 19 %, en 73, à 70 % en 2008. En dématérialisant la musique, nous l’avons rendu ainsi plus accessible, plus nomade et interactive (vidéo/son), mais c’est également une désacralisation de l’objet qui s’est opérée. Devenus boulimiques de l’actualité, nous réservons le même traitement à la musique : une course contre la montre (officielle) qui a nécessité la naissance du blog HasItLeaked?, histoire de vérifier qui a fuité. Pure vengeance de l’internaute ou nouvel espace de liberté ? Le problème est plus complexe et même la Quadrature du net – l’association de défense des droits et libertés des internautes – semble rejeter la méthode. Même discours chez James Murphy : le chanteur de LCD Soundsystem n’a eu aucun problème avec le piratage de son album, ni le fait de ne pouvoir se payer en leaked. Seul le choix d’une temporalité imposée par autrui l’a gêné.

Tous apprentis pirates ? La faute aux sorties différées suivant les pays, la difficulté à voir émerger une offre globale et claire, accessible dans tous les formats, adaptable aux différents supports, avec un prix attractif et un catalogue exhaustif, une mise en ligne rapide des morceaux… Le parcours du téléchargement payant relève de celui du combattant. Assez, en tout cas, pour que le blog J’VoulaisPasPirater recense les difficultés à choisir la légalité... Et encore, nous ne parlons que d’utilisateurs ayant accès à la technologie. Quid des seniors ou des catégories sociales précaires ?

Pour Guillaume Deziel (manager de Misteur Valaire, groupe ayant mis gratuitement son album en téléchargement), il faut évidemment distinguer plusieurs profils : « 60 % veulent du tout gratuit, que ce soit à travers le partage illégal de fichiers sur un serveur (35 %), l’écoute en ligne (25 %) ou le pay what you want à 0 €. Ceux qui choisissent de payer représentent 13 % des consommateurs, repartis entre iTunes (6,5 %) ou l’achat en format physique (20 %, dont 1,8 % en vinyle). » Au vu des chiffres, le leak ne contenterait qu’une faible part de consommateurs…
David Picard, le responsable web d’iWelcom (agence de promotion d’Horace Andy, Pierpoljak, Keny Arkana…), estime, lui, que « avant même l’arrivée d’Internet, on pouvait trouver des albums de promotion en vente chez des disquaires parisiens. Le phénomène du piratage a toujours existé, même s’il était moins en amont avec les copies de cd ou cassettes. » Idem pour Arnold, animateur à Ouï Fm, qui pense que c’est davantage une attaque contre la forme que sur le fond : « S’il y a arrogance de la part de l’internaute, c’est davantage envers la maison de disque qu’à l’encontre des artistes. (…) Un David contre Goliath 2.0. Et puis toujours, pour certains pirates, cette volonté d’exister. De faire parler de soi… Transgresser. Mais si c’est compulsif, dans la simple idée de compiler pour le sport, avouons que c’est dommage : on ne profite pas de la gratuité ! »

Pirate.jpgThéorie du complot
Du côté de DailyMotion et de Facebook, on préfère regarder ailleurs. Toutes deux contactées, les structures affirment ne pas avoir d’expert capable de répondre à une interview, prétendent être moins concernées que les sites de téléchargement classiques et se désolidarisent du contenu échangé entre utilisateurs. Circulez ! Chez Ouï Fm, on admet ne pas vouloir aller à l’encontre d’un fournisseur (en l’occurrence une maison de disque). Dans le cas de Daft Punk, la radio affirme même, « ne pas avoir voulu faire de buzz – car illégal. Nous avons attendu que Columbia nous envoie la version officielle pour la diffuser. »

Reste que, si une majorité des professionnels croient aux fuites non organisées, le manager de Misteur Valaire préfère pointer d’étranges coïncidences : « 
Si ton album est sur le web avant sa sortie, c’est que tu l’as laissé « pisser »… J’y soupçonne donc chaque fois une stratégie marketing (…) basée sur le bluff. Je ne peux pas croire que l’artiste soit une victime. » Un peu à la manière de la sextape négligemment laissée en évidence sur la commode de la chambre d’hôtel… (sic)
Avant de souligner que « étant donné la cible ultra-connectée que constitue les pirates – mêmes amateurs –, il ne peut y avoir que des retombées positives. Et puis, qu’importe. Il y en a qui utilisent le mot « pirater », moi je dis partager. On ne devrait pas considérer les gens comme des voleurs, mais comme des diffuseurs. »

Une théorie non partagée par Virginie Berger,
ex-directrice marketing de MySpace et auteure de « Musique et stratégies numériques » (Irma). Selon elle, si des cas d’ultra-confidentialité existent (ex. : le dernier Bowie), il reste cependant « trop d’intermédiaires qui mettent en ligne sur Deezer, Spotify, Last.fm… Le taux de fiabilité est faible et la fuite peut provenir de partout. (…) Bien sûr que des stratégies pour lutter contre le leak existent au sein des maisons de disque, mais elles sont toutes empiriques. » Avant de railler : « Une stratégie ? Quid du buzz pour Phoenix ? Pardon mais, malgré leur leak deux mois avant, ils n’apparaissent dans aucun top… »

Impact.jpgImpacts
Le rapport d’un chercheur (Robert Hammond) de l’université de la Caroline du Nord semblerait montrer qu’il n’existe aucune preuve de l’impact négatif des leaks sur les ventes. Au contraire : ils pourraient en provoquer une légère hausse en cas d’album disponible en téléchargement avant sa date officielle. Le leak serait-il la solution aux productions faiblardes ? Le rapport conclue en tout cas que le partage illégal de fichiers agit comme une forme de promotion. Un impact similaire à un passage en radio.

En Hollande, pays décidemment en avance, le gouvernement a demandé un rapport de 142 pages sur les effets économiques et économiques du partage de fichier. Là encore, les résultats sont sans appel, concluant à un effet positif à court et long terme sur l’économie néerlandaise. L’audit affirme en effet que l’habitude de consommation créée sur des sites de téléchargement se transpose aux solutions légales. Mieux, il démontre que « beaucoup de ceux qui partagent de la musique n’achèteraient pas autant de cd au prix actuel, si le téléchargement n’était plus possible ». Les téléchargeurs feraient donc partie des plus gros payeurs et la baisse des ventes serait une question de pouvoir d’achat ou de priorité du budget. Pour autant, l’étude menée par Annelies Huygen estime qu’il est « important pour l’industrie de lancer de nouveaux modèles économiques, car une partie actuelle de la demande n’est pas satisfaite. » Reste à savoir si la pratique a cours chez nous.

Justement, la France a, elle, commandé son fameux rapport Lescure. Pour Virginie Berger, les conclusions sont loin d’atteindre le progressisme des Hollandais : « On ne peut effectivement pas dire que le rapport soit révolutionnaire. Ce sont juste des constats auxquels on répond : Hadopi, Csa, etc. Alors, ok, quand c’est trop révolutionnaire, on n’applique pas forcément non plus… Mais c’est juste dingue qu’il ait fallu Lescure pour faire des constats... J’y lis qu’il faut reparler avec les consommateurs, reconnecter l’usager… mais il n’y a aucune mesure qui abonde dans ce sens ! Bref, c’est un rapport objectif, précisons-le, mais de professionnels pour des professionnels. » 

Solutions.jpgSolutions
En 2007, les polices britanniques et hollandais faisaient fermer OiNK, un site spécialisé dans les leaks (plus de 60 albums diffusés illégalement avant leur sortie et près de 180 000 abonnés). Début 2012, c’était MegaUpload qui tombait. Arnold (Ouï Fm) ne croit pas à cette « politique de sanction, mais bien au compromis, à la pédagogie. Ne prenons pas le problème à l’envers : il faut baisser les prix ! Vous avez vu comme les consommateurs sont devenus dingues avec les baisses du Virgin Megastore (même la situation est, certes, tragique) ? Il faut attirer de nouveau le public vers les produits culturels. On invente quoi, là ? On sort juste le bâton ? Ne pas oublier que la discussion est elle-même un partage… Apple et Microsoft essaient bien d’acheter le savoir des hackers en les embauchant à leur sortie de prison. Faisons pareil ! Invitons des pirates et des consommateurs à s’exprimer, et non que des entreprises. Mettons tout le monde autour de la table, étudions ce qui motive ce public et inventons une réponse adéquate. » Une proposition qu’essaie actuellement de mettre en place le Sénégal, contre l’avis des professionnels, associant les pirates aux ventes de cd originaux.

Quitte à amplifier une méfiance – déjà réelle – entre les professionnels, Virginie Berger propose de « ne plus envoyer de copies aux journalistes, même watermarkées (tatouage numérique nominatif), voire de revenir aux échanges physiques comme pour l’album commun Kanye West/Jay-Z. » Ou le retour de l’échange sous le manteau. Diantre ! Et la licence globale (payer un forfait mensuel pour avoir le droit de télécharger sans limite) ? « L’idée est enterrée depuis 5 ans », coupe-t-elle, «  le monde a changé : arrivée de Google Music (service d’écoute en streaming), toute puissance d’iTunes avec son milliard de téléchargement… De plus, il existe trop de paramètres européens. Qu’on se le dise : on ne trouve pas de solutions... Et on ne trouvera pas ! Le streaming (écoute en ligne) stagne, les médias s’écroulent et les industries sont en récession… » Les fuites se multiplient pendant que les majors coulent ? L’expression pourrait faire sourire si elle n’avait pas autant de répercussions.

recession-1.jpgRésignation
On est moins pessimiste chez iWelcom : « Le leak était mal vu des artistes. Aujourd’hui, ils le perçoivent comme un outil de buzz. Nous concernant, c’est quelque chose qu’on essayait de contrer, il y a encore deux ans, en essayant de faire enlever les liens de téléchargement. Aujourd’hui, mise à part les majors, plus personne chez les indépendant ne combat le phénomène. Quelque part, cela sert les artistes car ils arrivent à toucher de nouvelles cibles via les sites où les albums sont en téléchargement illégal. Le phénomène est inévitable : il est difficile de trouver quelqu’un qui ne pirate rien aujourd’hui. Cela participe de la découverte quand les médias papiers, eux, sont en décalage. » Abandon du terrain, réaction a posteriori du web, obsession pour l’album physique… On connaît le couplet.

Mais c’est surtout à propos de l’avenir général de la musique que Virginie Berger s’inquiète : « Désormais quand tu achètes une voiture neuve (ndla : Peugeot), tu reçois un an de téléchargement de musique offert par Universal Music… Voilà à quoi est réduite la musique : un produit de consommation lambda, voire annexe. À terme, le fossé avec la scène émergente va davantage se creuser. On ne pourra plus être artiste à plein temps, ni gagner d’argent sur ses créations… » Le métier de saltimbanque reprendrait-il ses droits ? Celui de la création pure sans volonté de retour financier ? Pas encore, mais il n’empêche que – hors buzz – la relève a de plus en plus de mal se faire connaître. Toujours selon Virginie : « Fauve ≠ et Concrete Knives, refusant le jeu des labels et réussissant leur lancée, sont des cas à part ! Il existe trop de supports différents pour émerger, trop de paramètres qui expliquent que – même si on trouve une martingale – elle ne pourra qu’être d’individuelle. Réadaptée, redimensionnée à chaque nouveau projet. N’émergeront alors que les projets décalés… C’est la fin de la stratégie collective ! »

Sources : Yolet Maudaine et Tube2ouf)
Illustration d'ouverture : Florent Choffel
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Le Direct-to-fan
A ne pas confondre avec le « Do it Yourself » (suppression des intermédiaires par l’auto-distribution, l’auto-distribution et/ou l’auto-promotion), ce business model commence à faire ses preuves. Il s’agit d’entretenir sa communauté de fans, voire y concentrer une partie de sa stratégie marketing. Un positionnement à 360° autant utilisé par les maisons de disques que par les groupes eux-mêmes. L’enjeu : travailler la fidélité d’un petit nombre, prêt à investir davantage. Pour cela, on raconte une histoire autour d’un contenu musical (publication de photos et vidéos off, interactivité sur les réseaux sociaux), on rajoute des bonus (inédits, produits dérivés, mp3 du concert offerts), voire on organise des happenings (rencontres, préventes, coproduction, accès aux répétitions). Bref, l’ancestral fan club transformé en club Vip et géré directement par les intéressés. Radiohead, Nine Inch Nails, Mylène Farmer, Arcade Fire, Brian Eno, Tahiti 80, The Inspector Cluzo… Tous sortent ainsi des limites du simple album, mêlant sentiments et… sens commercial.

 

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